
Le déroulement du combat
En 1972, comme nous l'avons déjà signalé, les
règles du combat ont été réétudiées, afin
d'améliorer sa qualité scénique. Actuellement le rituel se
déroule comme suit. Les diables entrent les premiers dans l'arène,
font quelques cabrioles et vont taquiner la foule. Saint Georges les suit et effectue
un tour de piste en faisant des moulinets avec sa lance (ce qu'il fera durant tout le combat).
A sa suite, les chinchins entrent dans l'arène et se disposent dans le " rond " afin
d'occuper l'espace. Enfin arrive le dragon, soutenu par les hommes blancs et suivi des
hommes sauvages. Les diables et les chinchins jouent déjà leur rôle :
les diables attaquent, avec les vessies, les chinchins qui les renversent et les
traînent par terre. Durant tout le combat, ils effectueront les mêmes actions,
allant ponctuellement taquiner la foule qui essaye de leur voler leurs vessies ou les rubans
de leur costume. Les chinchins se feront également renverser à trois reprises
par un coup de queue du
dragon, qui marque ainsi son opposition aux partisans de saint Georges. Saint Georges
s'attaque au dragon, d'abord à la lance.
Il s'y prend à trois reprises brisant à chaque fois sa lance
(pré-cassée) sur le corps ou la queue du dragon. Dans l'attente de chaque
nouvelle lance, il combat au sabre et fait des tours de l'arène, toujours dans le
sens des aiguilles d'une montre. Contrairement au dragon qui va lui en sens inverse,
marquant de cette façon son opposition non seulement à saint Georges, mais
aussi au déroulement "logique" du tour. Par trois fois, le saint maintient la queue
de la bête sur le devant de la selle (manoeuvre délicate, l'acteur jouant saint
Georges ayant déjà été désarçonné).
Par trois fois il entreprendra d'abattre le monstre avec un pistolet. Le premier s'enraye,
le deuxième réussit mais ne fait que blesser le dragon qui ne tarde pas
à se relever. Au troisième coup de pistolet, "el biette est morte", sa queue
n'est plus dressée ce qui indique son nouvel état, provisoire puisque
l'année qui suit, le combat devra reprendre. Le combat fini, une maxime circule dans
Mons dont la signification indique bien que cette "résurrection" est connue et
même attendue: "In v'la co pou ein an!" (en voilà encore pour un an),
c'est-à-dire un an de tranquillité avant de devoir à nouveau combattre
la bête... Pour les acteurs, c'est le moment de la difficile sortie: il s'agit de
gagner l'Hôtel de Ville où les attendent les autorités communales.
Saint Georges reste encore quelques minutes dans la foule qui a envahi l'arène.
Il peut se le permettre parce qu'il est protégé par son cheval mais aussi
par l'aura qui entoure son personnage, le mettant ainsi à l'écart des assauts
de la foule.
Mais le combat n'a pas lieu qu'entre saint Georges et le dragon, les autres acteurs
et le public "actif" massé près de la corde y participent également.
Rappelons qu'il y a deux "camps" représentant le pôle positif et le pôle
négatif du rituel: le rôle positif est tenu par saint Georges et les chinchins
(dont son "garde du corps"), le rôle négatif est représenté
par le dragon, soutenu par les hommes blancs et les hommes sauvages, et par les diables.
Les chinchins attaquent le dragon en faisant semblant de le mordre et se font
renverser par lui à trois reprises. Pour se faire, ils se mettent en demi-cercle et
se laissent tomber à terre pour ne pas être touchés par la queue du
monstre. Une fois la bête morte, ils se précipitent sur elle, faisant feinte
de l'attaquer une dernière fois.
Les chinchins combattent aussi les diables, les renversant par terre et les tirant
par les pieds tandis que ceux-ci les frappent au moyen de leurs vessies
(gonflées préalablement et en grande quantité, elles sont
confiées lors du combat à des personnes se tenant sur le bord de
l'arène qui les distribuent aux diables au fur et à mesure).
Les diables vont très souvent vers la foule et l'aide des policiers est
pplémentaire des hommes sauvages et des autres acteurs (mis à part les
chinchins). En effet, le public essaye de conserver la queue le plus longtemps possible
afin de s'emparer d'une grande quantité de crin et pour ce faire, il exerce une
traction sur la queue du dragon que les seuls hommes blancs pourraient difficilement
contrer.
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur : Christine Eloy 1996)

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